Les troubles dys: qu’est-ce que c’est ?
Nous entendons beaucoup parler des troubles dys sans pour autant savoir de quoi il retourne réellement. Il s’agit de dysfonctionnements cognitifs. Ils sont innés, et font leurs apparitions au fur et à mesure des apprentissages infantiles. Ils sont malheureusement très mal connus et mal appréhendés par beaucoup. Dans la suite de cet article, je vous explique plus précisément de quoi il s’agit.
Qu’est-ce qu’un trouble dys ?
Comme son nom l’indique, le trouble dys est un dysfonctionnement. La Fédération Française des Dys définit cela comme « Les troubles cognitifs spécifiques qui apparaissent au cours du développement de l’enfant, avant ou lors des premiers apprentissages, et persistent à l’âge adulte. Ils ont des répercussions sur la vie scolaire, professionnelle et sociale, et peuvent provoquer un déséquilibre psycho-affectif. »
Les idées reçues sur les troubles dys
Les troubles dys : une maladie?
Non. le trouble dys ne se soigne pas. Il ne disparait pas non plus à l’âge adulte. C’est inné ! Il arrive que, suite à des accidents où les enfants sont victimes de traumatismes crâniens, ou alors lorsqu’ils sont opérés pour des tumeurs cérébrales, ils développent des troubles similaires aux troubles dys. Les personnes atteintes de ces troubles , en apprenant à se connaître, finissent par compenser. Elles utilisent des moyens dérivés pour arriver au même résultat que les autres. Mais le trouble est toujours là.
C’est un retard
Le trouble dys est très souvent confondu avec un retard . Ce n’est pas le cas, car, le retard, en fonction de sa gravité, peut être soigné. Par exemple, un enfant de CP qui confond le p et le b n’est pas forcément un signe de dyslexie. Il peut s’agir d’un simple retard d’apprentissage qui se corrigera par lui même ou avec quelques exercices spécifiques. D’où l’importance de se faire tester si l’on à un doute. Un retard et un trouble dys ne se traite pas pareil.
« Aujourd’hui tout le monde est dyslexique! »
Je ne suis pas atteint de dyslexie, mais j’ai entendu cette phrase des centaines de fois au cours de ma scolarité! Plusieurs choses sont à prendre en compte:
Nous sommes de plus en plus nombreux sur Terre. Bien qu’en terme de pourcentage, le nombre de dys est toujours le même, le nombre intrinsèque augmente forcément.
De plus, grace à l’évolution des sciences cognitives, les dys sont de plus en plus détectés et de plus en plus tôt, ce qui est une bonne nouvelle!
Les différents troubles dys
Les troubles dys se manifestent de plusieurs façon. Nous allons voir plus en détail les 6 troubles dys.
La dyslexie : le trouble dys le plus connu
C’est l’un des trouble dys les plus connu. Il s’agit d’une difficulté à identifier et à mémoriser les mots. Ce qui entraîne une lenteur dans la lecture. La dyslexie est souvent associée à une dysorthographie. De plus, les dyslexiques ont des difficultés de compréhensions des textes. Ils arrivent à comprendre chaque mot séparément, mais ont beaucoup de mal à les associer entre eux. Par exemple lorsque j’étais formateur auto-école, quand je demandais à des élèves dyslexiques de suivre la direction de « Paris », ils n’avaient généralement pas trop de difficultés. Par contre, si je leur demandais de suivre « Vaulx-en-Velin Carré de Soie », la tâche était beaucoup trop compliquée pour eux. Etant donné leurs difficultés, la lecture et l’écriture s’automatisent très mal, ce qui leur provoquent des lenteurs et une très forte fatigue lorsqu’il doivent faire ces deux exercices.
La dysorthographie
C’est très souvent un corolaire à la dyslexie, mais elle peut apparaître seule. C’est un trouble de l’orthographe qui se traduit par des difficultés à reconnaitre les lettres, un manque de vocabulaire, des problèmes pour reproduire les lettres. Certaines langues, comme le français et l’anglais, sont très difficiles à apprendre pour les personnes dyslexiques et dysorthographiques. En effet, il y a des lettres qui ne se prononcent pas, un même groupe de lettres identiques peut se prononcer différemment en fonction du mot dans lequel il se trouve (par exemple -ent ne se prononce pas pareil dans différemment/ ils partent). L’italien et l’espagnol sont des langues plus simples car toutes les lettres se prononcent.
La dyspraxie
Ce trouble concerne la gestuelle. Ce sont des personnes qui ont des difficultés pour faire des tâches courantes, comme par exemple faire ses lacets, attacher des boutons… Cela est dû à des difficultés de repérage spatial (voir temporel). Les dyspraxiques ne sont pas à l’aise avec la motricité fine car ils ont des gestes très imprécis (couture, jeux de construction…). Ils ne sont pas non plus à l’aise avec leur corps, ils chutent souvent, n’aiment pas danser… les dyspraxiques ont aussi beaucoup de mal à fixer leur regard.
De plus, l’automatisation des gestes est laborieuse pour eux. L’automatisation nous permet de faire des gestes sans que cela passe par la réflexion. C’est pour cela que les apprentissages psychomoteurs sont difficile pour eux, car tout passe par la réflexion. Il fatigue donc rapidement.
La dyspraxie peut aussi entraîner des difficultés d’articulation et de prononciation.
La dysgraphie
La dysgraphie est souvent associée à la dyspraxie. L’écriture est une tâche compliquée à acquérir car elle demande beaucoup de dextérité. Le dysgraphique arrive à former les lettres et à écrire, mais il n’arrive pas à automatiser le geste et à gagner en rapidité.
La dysphasie
C’est un trouble du langage oral. Il se traduit pas des problèmes d’expression (difficulté à former des sons, à construire une phrase), ces personnes communiquent souvent par des mots clés sans phrases réellement structurées. La dysphasie se caractérise aussi par des problèmes de compréhension des messages (difficulté à comprendre ce qu’on leur dit).
La dyscalculie
Il s’agit de difficulté à se représenter les quantités, à dénombrer, à calculer mentalement, à comprendre et à utiliser la logique. La dyscalculie, au même titre que la dysgraphie et que la dysorthographie, s’associent souvent à d’autres troubles dys.
Les différents degrés
Les troubles dys s’apprécient à différents degrés. On peut être en présence de troubles relativement légers qui s’apprécient plus comme une gêne que comme un handicap. Mais on peut avoir aussi des troubles très importants.
On catégorise ces troubles afin de pouvoir les définir et les comprendre. Mais dans la pratique, ces troubles se conjuguent souvent entre eux (les dyslexiques ont une part de dysphasie, les dysgraphiques ont une part de dyspraxie …) On appelle cela les troubles multi-dys.
Les personnes atteintes de troubles dys ne présentent pas non plus forcément tous les symptômes lié à leur trouble.
La détection des troubles dys ne peut se faire que par un spécialiste.
Les problèmes annexes
Je vous ai parlé plus haut des problèmes auxquels les dys étaient confrontés du fait de leur handicap. Mais cela créé des problèmes autres.
Les personnes souffrant de trouble dys ont souvent du mal à effectuer des tâches ou des exercices que les autres réalisent aisément. Ce qui provoque un manque de confiance en soi. Beaucoup de dys se pensent incapable de réaliser des tâches où leur trouble ne les incombe pas, par manque de confiance en eux. Il en va souvent d’une scolarité chaotique, impactant par conséquent leur vie professionnelle.
Ces troubles leur provoquent aussi un isolement par rapport aux autres. Cela pouvant même développer, dans certains cas, des troubles du comportement.
Les tests
Il est très important, si on se rend compte qu’un enfant a potentiellement un trouble dys, de le faire tester au plus tôt. Car même s’il ne s’agit pas d’un trouble dys, cela l’aidera dans son développement.
Lorsque j’étais formateur, certains parents me parlaient des troubles dys de leur enfant. Lors des discussions, j’ai parfois été stupéfait des réponses: « Mon fils est dys mais heureusement maintenant c’est passé. – Vous l’avez fait diagnostiquer? – Non mais j’ai lu des articles sur internet », « Je suis dyslexique parce que je fais plein de fautes d’orthographe »
Le trouble dys s’évalue par des professionnels. Il pourront identifier le ou les troubles, leur intensité, et mettre en place un programme adapté au mieux.
Cela vous évitera de long déboire avec les instituteurs et professeurs qui ne prennent pas en compte les troubles dys.
J’ai été pendant plusieurs années formateur auto-école, spécialisé dans l’apprentissage aux personnes souffrant de troubes dys. Je suis pourtant dans l’incapacité de diagnostiquer un trouble dys. Chacun son métier.
Les dys et l’école
On le sait, le système scolaire n’est pas adapté pour plein d’élève. Les personnes souffrant de troubles dys ne font pas exception.
L’école ne nous apprend pas la base : apprendre à apprendre. Il est donc difficile pour les enseignants de détecter des troubles dys. D’après des études, on sait que les rythmes d’apprentissage scolaire ne sont pas adapté au fonctionnement de notre cerveau (J’y reviendrai dans un prochain article), il l’est encore moins pour les dys. De plus, il arrive que des enseignants assimilent cela à de la paresse, de la flemme, de la feignantise.
Attention cependant, les enseignants sont de plus en plus ouverts aux difficultés que connaissent les dys. Car on communique de plus en plus sur le sujet. Par contre, ils ne sont pas formés, (ou très peu) pour autant. Quand un enseignant a 30 élèves à gérer, dont un ou deux dys, ce n’est vraiment pas évident. Personnellement, quand j’enseignais, je le faisais qu’à UNE seule personne à la fois et déjà, ce n’était pas évident. Pour moi, ce n’est pas les enseignants qui sont mauvais, mais le système!
Il faut retenir qu’ils existent des nombreux troubles dys, que nous les catégorisons dans le but de les comprendre, mais que, dans la pratique, ils s’associent souvent entre eux. Nous commençons seulement à appréhender les dys au sein du système d’apprentissage. Mais ce n’est qu’une ébauche. Il faut continuer à évoluer dans ce sens.
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