Autodiagnostic et haut potentiel

Autodiagnostic et haut potentiel

Il y a, depuis plusieurs années, une effervescence des tests en ligne pour savoir si l’on est haut potentiel intellectuel, surefficient, hypersensible… Peut-on se fier à ces tests? Sont-ils réellement sérieux? L’autodiagnostic est-il possible?

L’ampleur du phénomène

J’ai travaillé plusieurs années avec des personnes atteintes de troubles dys, autismes, TDA/ TDAH, HPI… Et un phénomène se développe depuis quelque temps : L’autodiagnostic. Mais pourquoi cela se repend-il ?

1) Le boom de l’autodiagnostic avec l’effet Dunning-Kruger

L’effet Dunning-Kruger est un biais cognitif qui provoque une sur-confiance en soi lorsque l’on ne connait pas un sujet. En effet, il a été prouvé en 1999, par les professeurs de psychologie Dunnig et Kruger, que moins une personne connaissait un sujet, plus elle se sentait compétente en la matière. A l’inverse, plus une personne connait le sujet, plus elle a conscience de son réel niveau de compétence. Par exemple, on a vue cela avec le Covid, lorsque, au début de l’épidémie, tout le monde donnait son avis sur ce qu’il fallait faire, ne pas faire, comment allait évoluer la maladie, « il n’y aura pas de deuxième vague« , « les masques ne sont pas nécessaires« . Inconsciemment, nous parlons tous de sujet alors que nous ne sommes pas experts, et ce n’est pas grave. L’important c’est de s’en rendre compte et de rectifier le tir.
Mais aujourd’hui, avec la démocratisation du savoir, beaucoup de personne se sentent compétentes pour avoir vu quelques tutos sur internet.
Du coup, on se retrouve souvent confronté à ce genre de discours « Mon fils est surdoué, j’ai lu un livre dessus et ça lui correspond« ; « Ma fille est dyslexique, je le sais parce que j’ai discuté avec une amie qui a aussi un enfant dyslexique« ; « Mon enfant est haut potentiel, j’ai fais des tests sur internet« …

2) L’autodiagnostic au service d’une démarche commerciale

Vu l’étendu des autodiagnostics, beaucoup on saisit le filon pour vous vendre toutes sortes de diagnostic, formation, coaching… en utilisant ces pseudos « surcapacités intellectuelles ». On retrouve de plus en plus de coach, d’associations et des « universités » en tout genre qui vous aide à surmonter vos difficultés liées à votre potentiel intellectuel très élevé.
De plus lorsque vous faites les tests sur internet, vous devez bien sûr rentrer votre adresse mail pour voir les résultats. Et par la suite, vous recevez des newsletters de ces associations.

Les tests internet: Tous bidon ?

On peut donc légitimement se dire que les tests que l’on trouve sur internet sont tous de faux tests. La réponse est cependant à nuancer.

1) Les pré-tests.

Les seuls tests auxquels vous devez adresser de la valeurs sont les « pré-test« . Ces tests ont pour vocation de voir s’il est possible que vous soyez haut potentiel. Ils servent à vous donner une idée de la situation. Mais rien ne peut remplacer un test fait par un spécialiste. En effet seul un spécialiste peut vous diagnostiquer haut potentiel, hypersensible, surefficient…
Mais attention! Ce n’est pas parce qu’il s’agit d’un pré-test qu’il est fiable. Certains pré-tests ont été fait dans le but honorable de ne pas faire payer une somme astronomique chez un spécialiste, avec des délais importants pour rien. Nous allons voir les éléments qui vous permettent d’estimer la fiabilité de ces pré-tests.

2) L’effet barnum

L’effet barnum est l’effet qu’utilise les horoscopes et les voyants. C’est à dire qu’il vont vous faire une analyse qui correspond à tout le monde. Par exemple « le haut potentiel ne supporte pas l’injustice. » Vous connaissez sérieusement beaucoup de personne qui la supporte?  » ou encore « certaines situations vous font-elles ressentir des émotions fortes?« 
Tous les tests qui utilisent des questions trop subjectives sont à bannir car inutile. Personne ne répondra « non, moi l’injustice ça ne me dérange pas, j’ai d’ailleurs payé une amende pour un excès de vitesse que je n’avais pas fait mais c’est pas grave ». On utilise les mêmes procédés que pour les horoscopes afin que le maximum de personne se sentent concerné.

3) Juge et parti

Si l’on vous propose un test et que l’on a une formation, du coaching à vous vendre derrière, c’est qu’il y a un problème. On ne peut pas être juge et parti. Lorsque j’enseignais à des élèves dys, ce n’est pas moi qui faisait le diagnostic. Ce n’est pas non plus le centre de contrôle technique qui répare votre voiture, ce n’est pas l’examinateur du permis de conduire qui vous donne des leçons, et ce n’est pas pour rien. Soyez vigilent lorsque celui qui vous fait le diagnostic est le même qui vous vend le remède.

4) Il doit être gratuit

Oui, si l’on fait un « pré-test », par définition, il n’est pas fiable en lui même. Quitte à payer, autant que ce soit pour un vrai test.

A ce jour, je n’ai vu aucun « pré-test » digne de confiance sur internet.

Pour savoir si vous êtes haut potentiel, il existe trois tests pratiqués par les spécialistes :

  • Wechsler Preschool and Primary Scale of Intelligence (WPPSI): Test pour les enfants de 2 à 7 ans
  • Wechsler Intelligence Scale for Children (WISC): Pour les enfants de 6 à 16 ans
  • Enfin le Wechsler Adult Intelligence Scale (WAIS): Pour les plus de 16 ans

L’importance du vrai diagnostic

Comme je vous l’avais exposé dans un article sur les troubles dys, faire un test est important pour plusieurs raisons:

1) Savoir précisément ce que l’on a

Avoir des capacités intellectuelles surdéveloppées ne veut rien dire. Il existe plusieurs formes d’intelligence prises en compte lors des tests (l’intelligence logico-mathématique, verbo-linguistique…), il existe aussi des intelligences prises en compte par des tests complémentaires au test de QI (intelligence émotionnelle, intelligence sociale…).
Cela permet ensuite d’appliquer, au besoin, une thérapie adaptée aux difficultés de chacun. En fonction de ses forces et de ses faiblesses.

2) La crédibilité

Faire un test fiable, connaître ses points forts et ses points faibles vous donne aussi une assise face aux autres. Lorsque vous avez affaire à un enseignant, directeur d’établissement, vous savez de quoi vous parlez. En effet, les hauts potentiels, suréfficients… sont confrontés au même problème que les dys: leurs particularités, souvent invisibles, ne sont pas prises en compte, ou alors sont minimisées par le système.
Ce manque de crédibilité est en partie corroboré par les auto-diagnostiqués. On se diagnostique haut potentiel, dys .. alors que l’on ne l’est pas, fait perdre toute crédibilité à ceux qui le sont réellement.

3) La connaissance de soi

Pour moi, c’est LA raison la plus importante d’avoir un diagnostic sérieux. Connaître ses points faibles et ses points forts nous permet d’évoluer, de progresser, de savoir sur quel axe travaillé pour développer au maximum ses compétences. Cela vous permet aussi de comprendre le développement de votre personnalité.

Il faut retenir que les tests en ligne ne sont pas fiables. Bien que certains « pré-tests » pourraient peut-être vous donner une idée. Mais l’autodiagnostic est trop hasardeux et peu fiable. Dans tout les cas, si vous avez un doute, consulter un spécialiste. Que ce soit pour un haut potentiel, une hypersensibilité, un trouble dys…

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9 réflexions sur « Autodiagnostic et haut potentiel »

  1. Super article, merci ! On est parfois un peu perdu face à la jungle des tests, des « effets Barnum » du type : vous êtes haut potentiel si « bla bla bla » ( et tout le monde se reconnaît)… Je suis d’accord sur l’utilité des tests pour mieux se connaître, en nuançant pour ne pas se « mettre dans une case » et tout expliquer par ce biais-là !

  2. J’ai adoré cet article. Les sujets sont abordés avec une certaine hauteur, ce qui rend la lecture très agréable, mais surtout ils donnent envie de lire la suite. Pour ma part, je ne connaissais pas le nom des trois exemples pratiqués par les spécialistes. Si dans le futur l’envie me prend de tester mon QI, je me rapprocherai de l’organisation Mensa ou auprès d’un psychologue spécialisé. Merci !

  3. Article très intéressant qui permet de faire le tri sur ce qui existe sur internet et quelle crédibilité accordée à ces tests !

  4. C’est intéressant d’en faire un article. Je pense faire un test justement mais chez un psy spécialisé pour ce genre de test. Je n’ai pas essayé de trouver un test sur internet. C’est tout de même intéressant de pouvoir mettre en lumière ce qui se trouve sur internet merci 🙂

  5. Incroyablement instructif et clair. Je suis entièrement d’accord quand vous dites que l’intelligence surdéveloppée ne veut rien dire et les intelligences de Gardner sont là pour le préciser. Sans parler de l’intelligence émotionnelle qui a une grande valeur. Bravo de terminer cet excellent article par la connaissance de soi qui est une quête vitale et sans fin.

  6. J’adore toutes ces études sur les comportements humains; Les biais cognitifs sont nombreux ! Cependant je ne vois pas l’accès à l’information devenu tellement à notre portée comme une si mauvaise chose… Aujourd’hui on se diagnostique le QI de son fils comme hors normes, mais hier on souffrait certainement aussi de ne pas savoir certaines choses de base. Merci pour cet article en tous cas !

  7. Merci pour cet article. J’ignorais totalement l’existence des autodiagnostics et j’ai appris plein de choses.

  8. Je reconnais parfaitement qu’il existe tout un ‘business’ derrière les tests qui nous sont proposés pour se se catégoriser de tel ou tel profil … et pourtant ne sommes-nous pas tous différents les uns des autres ? … Un vaste sujet qui trouve un début de réponse par la quête de la connaissance de sonique l’on peut amorcer par un accompagnement avec un spécialiste reconnu et avéré, si ce n’est par un travail introspectif personnel … Merci pour cet article qui remet bien les choses en perspective au sujet de la myriade de tests qui nous sont proposés.

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